Douce et gentille, une serine
Était l'objet des soins de la jeune Céline.
L'aimable enfant, chaque matin,
Allait visiter la volière,
Portant force mouron, millet, sucre et plantain ;
Et la petite prisonnière
Accourait manger dans sa main.
Puis, pour obtenir davantage,
Pour que Céline, enfin, donnât tout à la fois,
Elle allait becqueter ses doigts,
Et de plaisir, après, folâtrait dans sa cage.
Ce petit jeu semblait charmant ;
Céline en raffolait : aussi, par circonstance,
Lorsqu'il fallut faire une absence
D'une quinzaine seulement,
Je laisse à penser la souffrance !
La pauvre Céline en pleura.
Cependant ce temps s'écoula,
Et Céline revint près de sa favorite.
Mais voici bien nouveau chagrin :
Sur un nid de laine et de crin
Elle voit la pauvre petite,
Immobile, attentive, et qui, l'apercevant,
Ne s'élance plus auprès d'elle,
Mais agite sa petite aile,
Et pousse un petit cri touchant.
« Oh ! maman, s'écria Céline palpitante ;
Favorite est malade ; hélas ! elle est mourante.
- Rassure-toi, » lui dit sa mère en approchant ;
Regarde dans le nid. Ah ! que je suis contente !
Maman, deux, trois, quatre petits !
- Oui, mon enfant, ta favorite est mère :
Tu ne la verras plus exempte de soucis ;
La voilà pour longtemps devenue étrangère
A tout ce qui n'est pas ses fils.
Vois comme son aile les couvre :
Elle craint tout pour eux, l'aquilon, le zéphir ;
Sitôt que la volière s'ouvre,
Elle pense qu'on peut, hélas ! les lui ravir.
Tout à la fois, heureuse, inquiète, craintive,
Vivant pour leur donner des soins,
Sur ses petits éclos elle veille attentive,
Et ne se souvient plus de ses propres besoins.
Quant aux plaisirs, aux jeux, ils sont passés pour elle,
Elle n'a plus qu'un seul bonheur,
Et rien ne distraira son amour maternelle..... »
Céline, en écoutant, sentait battre son cœur ;
Une larme brilla sous sa longue paupière,
Et Céline tomba dans les bras de sa mère.