Lecteurs, vous savez tous ce que c’est que la Bourse ?
Un télégramme, arrêté dans sa course
Par un ouragan furieux,
Parlait de la perte certaine
Que subiraient les fonds à la Bourse prochaine…
— Vraiment, lui répliqua l’employé sérieux,
Mais d’ailleurs toujours impassible,
Vous ne pouvez partir ; cela n’est pas possible :
Tous les fils sont rompus, tous les poteaux brisés ;
— Adieu donc, ma grande nouvelle ;
Tous mes projets sont renversés !
— Comment ! elle était donc bien belle ?
— Ecoutez-moi : j’annonçais que Paris
Par les Anglais vient d’être pris !
Rien n’est plus faux ; mais, jouant à la baisse,
Je ferai, par ce coup d’adresse,
Baisser le trois pour cent, soyez-en bien certain ;
Et, si j’attends jusqu’à demain,
Ma Nouvelle sera vieillie,
Ou probablement démentie.

J’ai composé ces vers pour vous, spéculateurs
Qui, sans rougir, trafiquez des malheurs
De la France, votre patrie,
Récoltant peu d’argent et beaucoup d’infamie.





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