Enfahts, vous savez tous et de par La Fontaine,
Que l'âne, à la voix de stentor,
Pour messire lion, qui chassait dans la plaine,
Fit un jour l'office de cor.
Comme ils s'en allaient côte à côte,
L'âne, vous pensez bien, portant la tête haute :
— C'est un beau compagnon pour Votre Majesté,
Que ce baudet à longue oreille,
Dit au lion une corneille ;
Vraiment, n'êtes-vous point flatté
De son esprit, de sa taille élégante?
— Hé ! répondit alors le monarque en riant,
Tu dis vrai : c'est humiliant!
Mais je me sers de sa voix éclatante
Pour épouvanter le gibier,
St saurai le congédier
Dès qu'il ne sera plus utile.

Ami lecteur, un homme habile
(Il en est parfois chez les grands),
Sait user des petits, des sots, des ignorants ;
Il les attire avec adresse,
Fait à propos une caresse,
Puis il les repousse en un coin,
Sitôt qu'il n'en a plus besoin.





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