Ce qu'on veut, on le peut; mais il faut que l'on Veuille.
A l'appui vient un trait qu'en lisant je recueille.
C'est de l'histoire, mais tant mieux :
La maxime s'adresse aux esprits sérieux.
Avant de s'élever au trône de la Perse ,
Timour avait connu la fortuné diverse,
Mais, loin de faiblir, son grand cœur
Puisait dans les revers un surcroit de vigueur ;
Et, quand ses compagnons de péril et de gloire,
Livrés au découragement,
Dans ses desseins hardis le servaient mollement,
Timour leur racontait ce trait dé son histoires
« J'étais vaincu, blessé, des miens abandonné,
Réduit, pour me cacher, à chercher un refuge
Dans un bâtiment ruiné ;
De soldats ennemis, que guidait un transfuge,
De toutes parts j'étais cerné ;
Enfin, me voyant seul, sans eau, sans pain, sans armes,
Et préférant la mort à ces tristes alarmes,
J'allais livrer ma gorge au fer de l'ennemi,
Quand, par un incident d'une espèce nouvelle,
Je fus soudain distrait de ma crainte mortelle :
Sur le sol où j'étais assis, une fourmi
Traînait un grain de blé plus lourd et plus gros qu'elle;
Mais de la fourmilière un mur la séparait,
Et, pour y transporter sa proie,
Il lui fallait franéhir ce mur : nulle autre voie.
Je voulus voir comment l'insecte s'y prendrait:
Soixante fois et plus, si ma mémoire est bonne,
La fourmi, gravissant le mur qui l'emprisonne,
Entraîne avec effort le grain, qui chaque fois
Glisse et retombe à terre, emporté par son poids.
L'insecte patient ne perdait pas courage,
Et bientôt de plus belle il reprenait l'ouvrage :
Dans sa rude entreprise il réussit enfin,
Et, joyeux, sous sa tente il porta son butin.
Lesuccesobtenuparsaperseverar.ee
Vint soudain dans mon coeur raviver l'espérance:
Je me sentis plus fort contre mon ennemi ;
Je jurai d'imiter ta constance, ô fourmi !
J'allai ; de mes amis je ranimai le zèle ;
De la guerre en cent lieux je semai l'étincelle ;
Vaincu, je recourus à de nouveaux ressorts,
Et le succès enfin couronna mes efforts. »