Deux éperviers, dans Ia saison des nids,
Sur les rameaux d’un chêne magnifique,
Apres la ponte élevaient leurs petits.
Ce chêne dominait une forêt antique,
Et tout au pied de l’arbre hospitalier,
Certain renard, d’humeur mélancolique,
Avait depuis longtemps établi son terrier.
Nos oiseaux dans la plaine allaient saisir leur proie ;
La table bien servie entretenait la joie,
Et ces messieurs, gens hardis, bons parents,
Des viandes les plus délicates
Régalaient leurs enfants,
Chassant pour eux cailles, perdrix, faisans.
Le renard en avait et la tète et les pattes;
On les jetait d’en haut en s’égayant un peu.
Tout autre, on peut le croire, est pris plaisir au jeu ;
Mais notre sire,
Qui n’aimait pas a rire,
Fut outré de colère ; au bois il mit le feu.
Ce fut pour les autours un signal de détresse;
Dans leurs serres soudain ils prennent leurs petits,
Et sans trompette ils gagnent le pays,
Pendant que le renard, content de son adresse,
Les insulte, les hue et rit d'un tour si beau.
Bientôt la peur le prit; il craignit pour sa peau;
Et, rentrant au terrier, il y trouva sa perte.
De débris enflammés la terre fut couverte;
Et dans son trou, bloqué comme un vilain ;
Il y périt de chaleur et de faim.
On peut bien violer les droits du voisinage
Sans mériter un supplice aussi fort ;
Mais au voisin rarement au fait tort
Sans payer tôt ou tard une part du dommage.