Le panier de Prunes

Marie Perrier (fin 18ème siècle)


La jeune Arsinoé, plus jalouse de plaire
Que de choisir ses liaisons,
Saisissait les occasions
Que tout plaisir offrait à son humeur légère.
En vain sa mère lui disait :
« Fréquente bonne compagnie.
» Il faut ( sans quoi l’on se perdrait ) »
Connaître bien les gens avec qui l’on se lie. »
Un si sage conseil produisit peu d’effet
Sur le cœur de notre étourdie;
Et sa mère, qui redoutait
Quelque irréparable folie,
Imagina de lui faire présent
D’un panier de Prunes choisies,
En lui recommandant
D’avoir soin d’en ôter deux ou trois de flétries
Qui gâteraient les autres promptement.
Mais, loin d’obéir à l’instant,
Notre petite négligente
Fut, quelques jours après, honteuse et repentante,
Au lieu de trois, d’en trouver plus de trente,
Qu’elle jeta fort sagement
Afin de s’en conserver une.

Tout cœur flétri rend sa tache commune
A qui s’y livre étourdiment.

Récréations d’une Bonne Mère avec ses Filles




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