Le Roi et les Oiseaux Pantchatantra

Il y avait dans une ville un roi nommé Tchitraratha. Il possédait un lac appelé Padmasaras et bien gardé par des soldats. Sur ce lac étaient beaucoup de cygnes d’or. Tous les six mois ils laissaient chacun une queue. Mais un gros oiseau d’or vint à ce lac, et ils lui dirent : Tu ne dois pas demeurer au milieu de nous, parce que nous avons obtenu la possession de ce lac en donnant chacun une queue au bout de six mois. Et ainsi, bref, on se querella mutuellement. L’oiseau se mit sous la protection du roi, et dit : Majesté, ces oiseaux parlent ainsi : Que nous fera le roi ?

Nous ne permettons à personne d’habiter ici. J’ai répondu : Ce que vous dites n’est pas bien ; j’irai en instruire le roi. Les choses étant ainsi, c’est à Sa Majesté de décider. Puis le roi dit à ses serviteurs : Hé, hé ! allez, tuez tous les oiseaux, et apportez-les vite. Dès que le roi eut donné cet ordre, les serviteurs se mirent en roule. Mais, voyant les gens du roi avec des bâtons dans les mains, un vieil oiseau dit alors : Hé, amis ! voilà qu’un malheur nous arrive. En conséquence il faut nous envoler tous vite d’un commun accord. Et ils firent ainsi.

Voilà pourquoi je dis : Si quelqu’un n’accueille pas avec bonté les êtres qui viennent se mettre sous sa protection, les richesses qu’il possède sont perdues pour lui, comme les cygnes dans la forêt de lotus.
Après avair ainsi parlé, le brahmane, dès le matin, prit du lait, retourna à la fourmilière et loua le serpent à haute voix. Alors le serpent resta longtemps caché à l’entrée de la fourmilière, et dit au brahmane : Tu viens ici par cupidité, laissant de côté même le chagrin de la mort de ton fils. A partir d’à présent l’amitié entre toi et moi n’est pas convenable. Ton fils, par folie de jeunesse, m’a frappé ; je l’ai mordu. Comment puis-je oublier le coup de bâton, et comment peux-tu oublier le chagrin et la douleur de la perte de ton fils ? Lorsqu’il eut dit ces mots, il lui donna une perle de collier d’un grand prix, et s’en alla ; puis, ajoutant : Tu ne reviendras plus, il se cacha dans son trou. Le brahmane prit la perle, et alla à sa maison en blâmant l’idée de son fils.

Voilà pourquoi je dis : Vois le bûcher allumé et mon chaperon brisé : l’amitié renouée après avair été rompue n’augmente pas en affection.

Ainsi, s’il est tué, grâce à cet effort vous régnerez sans embarras.

Après avair entendu ce discours de Raktâkcha, Arimardana questionna Kroûrâkcha : Mais toi, mon cher, que penses-tu ? — Majesté, répondit celui-ci, c’est cruel ce qu’il a dit, car on ne tue pas quelqu’un qui vient demander protection. Ce récit est vraiment bien : On raconte qu’un pigeon à qui un ennemi vint demander protection l’honora comme il convient et l’invita à manger sa chair.

Livre III, 7




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