Les Pêcheurs Philippe Barbe (1723 - 1792)

Six jeunes gens que je ne nomme point,
Dirent un jour : Qui nous empêche
De nous promener un peu loin ?
Le tems est beau, Partons. Allons vite à la pêche.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
En un clin d'œil tout se prépare,
Hameçons, lignes et filet.
D'abord on marche ensemble ; ensuite on se sépare.
Deux suivent le chemin qui conduit au ruisseau.
Les y voilà. Le filet est dans l'eau,
L'appats est au bout de la ligne.
Leur empressement était digne
D'être récompensé. Déjà plus d'un poisson
Se laisse prendre et mord à l'Hameçon,
La Naile se remplit. Leur succès les étonne :
Jamais ils n'avoient fait une pêche si bonne.
Bien contents, ils s'en vont par un autre chemin,
Déterminés à faire un grand festin,
Ce même soir, sans inviter personne.
Leurs quatre compagnons que font-ils devenus ?
Tranquillement sous un arbre étendus,
Ils s'entretiennent de nouvelles,
De jeux, d'amusements, de mille bagatelles.
Le temps s'écoule... et notre pêche. Hélas !
Je l'avais oubliée. Avançons à grands pas ;
Nos camarades nous attendent.
Point du tout ; ils n'attendaient pas.
Ils font déjà chez eux, libres, sans embarras.
Ils comptent les poissons qu'ils ont pris et prétendent
Qu'aucun autre n'a droit d'assister au repas.

Dangereuse lenteur, fille de l'imprudence,
Vous détruisez souvent la plus belle espérance.

Livre I, fable 4




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