Il est des gens que lu science
Gonfle d'orgueil et d'arrogance.
Faites-leur, sans prétention,
Même avec force égards, une observation,
Ils ne vous répondront qu'avec impertinence.
Deux jeunes bacheliers ensemble voyageaient,
Et, tout en cheminant, de science parlaient.
Ils virent, en entrant dans un petit village,
Une enseigne représentant
Prés d'une jeune fille un jeune adolescent
Qui semblait lai tenir un amoureux langage.
Le fond de cette enseigne orné d'un vert feuillage
Paraissait quelque peu ressembler à l'Eden.
Au-dessous on lisait en très gros caractères
Ces trois mots : O deus amen.
— Gomment expliquez-vous, dit l'un des deux confrères,
Cette latine inscription ?
Après mûre réflexion,
— Je crois voir, répond l'autre, auprès d'Eve inquiète
Adam, de son péché contrit,
Dire au Seigneur qui le punit :
Que votre volonté soit faite.
Un villageois assis à quelques pas
Prêtait à ce colloque une oreille attentive.
Il se lève, salue et d'une voix craintive
Leur dit : —Je puis, Messieurs, vous tirer d'embarras.
— L'ami, tout aussitôt réplique
L'un de nos deux savants, d'un air fort ironique,
Réponds-moi, ne serais-tu pas
Descendant de Gros-Jean de célèbre mémoire,
Qui, d'après ce que dit l'histoire,
En remontrait à son curé ?
— Nenni, Monsieur, mon père avait nom Paul Dupré.
Pauvre, il ne put me faire instruire
Que quand je n'allais pas aux champs,
Et cependant je puis très facilement lire
Sur cette enseigne : Aux deux amants.