Parole de Socrate Pierre Chevallier (1794 - 1892)

Le sage suit toujours aisément supporter
Les peines, les tourments qu'il ne peut éviter.
Celui qu'on surnomma sage par excellence,
-Socrate, va, lecteur, prouver ce que j'avance
Par un acte de sa façon.
L'Histoire nous apprend ce que fut son ménage,
Et l'intolérable tapage
Que faisait au logis sa femme, vrai démon.
Souvent maître et valets, afin de s'y soustraire,
Se virent obligés de quitter la maison.
— Socrate, ici que viens-tu faire ?
Lui dit un jour un menuisier,
Honnête habitant du quartier ;
Quand je me sers de ma poulie
Qui, dans ses gonds rouilles, au loin gémit et crie,
Je te vois bien vite accourir.
A l'entendre je crois que tu prends du plaisir.
— Tu te trompes, voisin, lui répond notre sage,
Le cri de ta poulie est loin d'être amusant.
Je viens în'accoutumer, par son strident tapage,
À supporter patiemment
De ma femme l'aigre langage.

Livre III, fable 18




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