Denys... (c'était, si je m'en souviens bien,
Celui qu'on a nommé l'Ancien ;
D'un naturel un peu sauvage,
Par conséquent un peu sournois,
Et qui, pour se raser, faisait, sur son visage,
Brûler des coquilles de noix.)
Denys donc étant en campagne,
Éprouvait un besoin urgent
D'argent :
Souvent à guerroyer voilà ce que l'on gagne.
Il rencontre en chemin un temple consacré
Au maître des dieux et des hommes,
Y découvre de fortes sommes
Dont il s'empare. Et trouvant à son gré
Un manteau d'or massif dont était revêtue
Du grand dieu la sainte statue,
L'en dépouille en disant : Pardonne, Jupiter ;
C'est trop lourd en été, c'est trop froid en hiver.
Et, sans se mettre plus en peine,
Il lui donne un manteau de laine,
Bon, dit-il, en toute saison.
Sa sacrilège raillerie,
Prouve une grande effronterie ;
Mais pourtant on en peut tirer une leçon :
Dans nos politiques systèmes,
Ayons recours à la raison,
Qui seule est de toute saison,
Pour nous garantir des extrêmes.
C'est ce manteau de Jupiter,
Bon dans l'été, bon dans l'hiver.