Un homme, gravissant des montagnes arides,
Ne voyait depuis trois longs jours
Que des rocs escarpés, les ailes des vautours,
Des abîmes profonds et des torrents rapides.
Sentant ses pieds meurtris aux ronces du chemin.
Et voulant terminer de pénibles voyages.
Il maudit le sort inhumain
Qui l'abandonne ainsi sur des rochers sauvages.
Et demande à la mort un plus beau lendemain.
Il allait s'élancer au fond des précipices,
Quand un pâtre l'arrête, et, lui tendant la main,
Lui dit : »Vivez sous de meilleurs auspices ;
Frère, de votre cœur chassez le désespoir.
Courage ! suivez-moi ; ce soir,
De ces monts sourcilleux nous gagnerons le faite.
Sous un manteau de fleurs, sous des habits de fête,
La terre y voit régner un printemps éternel.
Là vous partagerez, sous un toit fraternel,
Le lait de nos brebis et l'eau de nos fontaines ;
Vous verrez sous vos pieds les terrestres domaines.
Et sur vous passeront les étailes du ciel.«
Peuple, dont le pied saigne aux buissons de la route,
Ainsi tu marches, et, sans doute,
Dans les sentiers mauvais tu saigneras encor.
Garde que ton courage aux cailloux ne se brise :
Bientôt tu parviendras à le terre promise
Où doit briller pour tous un nouvel âge d'or.