De ses jeunes poussins suivie
Certaine poule un jour
S'en allait gravement à travers la prairie
Gloussant et pâturant. Loin de la basse-cour
La bonne dans les champs s'était fort avancée.
N'ayant en la pensée
Que le souci de promener
Sa petite famille
Quiderriere et devant va, vient, mange et babille,
Elle s'allait encor plus éloigner.
Tout à coup elle voit dans la plaine éthérée
Fondre vers elle un farouche milan.
Inquiete, effarée
Elle sonne l'alarme ; et d'un commun élan
Mere et petits d'une ferme voisine
Courant et voletant gagnent enfin la cour ;
Sous une cage à l'oiseau de rapine
Inexpugnable tour
Se jettent à la hâte ; et là, bravent l'atteinte
De leur redoutable bourreau,
Bien contents de n'avoir éprouvé que la crainte
De voir ses cruels flancs devenir leur tombeau.
Tous, il est vrai, du maître de l'asile
Devinrent la propriété ;
Mais l'abus de la liberté
Leur en devint plus dissicile ;
Et par-là leur bonheur fut mis en sûreté.