Perché sur des tréteaux, Bertrand en sentinelle,
Vrai sapajou, bon grimacier,
Portant l'habit de grenadier,
Présentait au public une farce nouvelle.
Il faisait l'exercice : on est dit un guerrier
Arborant l'étendard sur une citadelle.
Le chapeau de travers; pour arme, un bâton blanc,
Un vieux sabre de bois s'allongeant sur son flanc;
Voila le comique équipage
Qu'offrait aux yeux le personnage.
Son maître, illustre charlatan,
Criait, en brave commandant:
A droite! à gauche! portez armes!
Le drôle obéissait à ce commandement.
Ces jeux avaient pour lui des charmes.
Un jour, le rustaud général,
Pour l'exciter à faire la grimace,
. Parlant d'un ton dur et brutal,
En le rossant, l'enchainait a sa place.
Bertrand lui dit, en soldat mécontent :
Pourquoi me maltraiter, si je fais l'exercice
Selon mon art et mon talent?
A son oreille chuchotant,
Son maître lui répond: Il faut ce sacrifice.
Tu vois ce public qui m'entend
Pour ma raison, je n'ai qu'un mot a dire :
Situ veux l'attirer, en nous payant comptant,
D'une façon ou d'autre, il faut le faire rire.