Le Singe et son Maître Simon Pagès (17ème siècle)

Perché sur des tréteaux, Bertrand en sentinelle,
Vrai sapajou, bon grimacier,
Portant l'habit de grenadier,
Présentait au public une farce nouvelle.
Il faisait l'exercice : on est dit un guerrier
Arborant l'étendard sur une citadelle.
Le chapeau de travers; pour arme, un bâton blanc,
Un vieux sabre de bois s'allongeant sur son flanc;
Voila le comique équipage
Qu'offrait aux yeux le personnage.
Son maître, illustre charlatan,
Criait, en brave commandant:
A droite! à gauche! portez armes!
Le drôle obéissait à ce commandement.
Ces jeux avaient pour lui des charmes.
Un jour, le rustaud général,
Pour l'exciter à faire la grimace,
. Parlant d'un ton dur et brutal,
En le rossant, l'enchainait a sa place.
Bertrand lui dit, en soldat mécontent :
Pourquoi me maltraiter, si je fais l'exercice
Selon mon art et mon talent?
A son oreille chuchotant,
Son maître lui répond: Il faut ce sacrifice.
Tu vois ce public qui m'entend
Pour ma raison, je n'ai qu'un mot a dire :
Situ veux l'attirer, en nous payant comptant,
D'une façon ou d'autre, il faut le faire rire.

Livre IV, Fable 5




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