L'Enfant et l'Abeille Simon Pagès (17ème siècle)

Un enfant bien joli, mais cruel et lutin,
Dans une riante prairie,
Un filet de soie à la main,
Chassait, selon sa fantaisie,
Des papillons légers, qui, sur Pherbe fleurie,
Allaient, venaient, volaient du serpolet au thym.
Leurs ailes étaient enrichies
De mille diverses couleurs;
Ils voltigeaient en compagnies.
En vrais petits Amours ils caressaient les fleurs.
Tout insecte à riche parure
Qui tombait sous la main de ce jeune bourreau,
A l'instant misa la torture,
Mourait d'un supplice nouveau.
Dans le calice d'une rose,
Le drôle, a chasser obstiné,
Voit une abeille qui repose.
A la cruelle mort l'insecte est condamné.
L'abeille est prisonnière : « Hélas! soyez sensible!
» Je fais le nectar pour les dieux;
» Agréez mes dons précieux. »
— Non, tu mourras ; je veux être inflexible.
Comme il le prend, l'insecte furieux
(Ce trait est digne de mémoire ),
Plonge son dard dans ses doigts délicats.
L'enfant lâche sa prise ; et, libre du trépas,
L'insecte ailé s'envole, en chantant sa victoire.
Du mal qu'on fait naît souvent, quoi ?.... Du mal.
Retiens bien la leçon du petit animal.

Livre IV, Fable 6




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