La gourmandise, d'ordinaire,
Est la passion de l'enfant,
Qui prête un charme imaginaire
Au fruit qu'on lui défend.
À ce mal donnons le remède
En la convenable saison,
Mais il ne faut pas qu'on excède
Ce que demande la raison.
Un enfant renommé pour sa gloutonnerie
Et ses mauvais desseins,
Découvrit des essaims
Cachés dans les buissons, au bord de la prairie :
— Du miel ! s'écria-t-il, et pour un bon repas !…
L'eau m'en vient à la bouche !…
C'est à peine chez nous si l'on veut que j'en touche ;
J'en goûte un peu parfois, mais je n'en mange pas.
Sur un tronc, aussitôt, lestement il se juche
Et porte sur la ruche
Une indiscrète main.
Une abeille, soudain,
Lui dit, tout en colère :
— Va-t'en, petit gourmand ;
Peux-tu croire, vraiment,
Que ma bonté tolère
Une telle action ?
Tu mérites punition.
Et, sans attendre de réplique,
Dans son transport
Elle le pique
En se condamnant à la mort.
Au pauvre donnez une obole :
Il est beau de s'apitoyer ;
Mais contre l'effronté qui vole
Défendez bien votre foyer.