Le Tourteau et la Tourterelle Simon Pagès (17ème siècle)

Sur un saule, dans la prairie,
Un tendre tourtereau soupirait nuit et jour;
La moitié du printemps était presque finie;
Il n'avait point trouvé d'objet pour son amour.
Une timide tourterelle,
A Vge des plaisirs, douce, sensible et belle,
Sur son cruel destin gémissait à son tour.
Un soir les hôtes d'un bocage,
Assemblés a envi sur les bords d'un ruisseau,
Faisaient entendre leur ramage.
Leur concert attira le couple tourtereau.
D'une tendresse mutuelle
Un doux roucoulement fat le signe certain,
Notre tourtereau plut a l'aimable femelle;
En se voyant ils s'aimèrent enfin,
Et sur le saule du rivage
Ils conclurent le mariage.
Un nid mollet fut par le couple ami
Construit dans moins d'une journée ;
Et quand le printemps fut fini,
Deux beaux petits composaient leur lignée.
Ensemble ils coulèrent leurs jours
Dans le sein des plaisirs, dans le sein des amours.
Si ces nœuds vous plaisaient, ô charmante Isabelle !
Et qu'Amour fit un prodige nouveau,
Vous seriez mg tourterelle,
Je serais votre tourtereau.
Le hasard peut fixer le bonheur d'une belle.

Livre III, Fable 15




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