Une venimeuse araignée,
Par les propos d'un insecte volant,
Un jour crut être dédaignée.
« Je déclare la guerre à ce peuple insolent.
L'on apprendra qui !'on méprise.
Vous vous moquez, monsieur de Moucheron,
Et vous aussi, monseigneur Papillon:
Race maudite! on t'aura bientôt prise. »
Ellie dit, et lance soudain
Les fils visqueux de sa traitresse toile;
Elle supporte tout, et la soif et la faim.
Lorsque la nuit a répandu son voile,
Elle travaille encor, filant
Au gré de son ressentiment.
Etique elle était devenue;
Enfin l'ouvrage est fait d'une immense étendue,
Elle lui sourit de plaisir.
Au bout de horizon apparait une nue,
Et dans l'instant on la voit s'agrandir.
L'orage menace la terre;
L'aquilon commence la guerre ;
Comme une voile sur la mer
La toile est enflée, agitée.;
Cramponnée au milieu, bravant lire de l'air,
La filandière est ballottée.
Enfin, la pluie en gros torrents
Tombe mêlée a la fureur des vents,
Emporte toile et bête en tout sens tourmentée.
En mourant elle dit: « Je sens bien aujourd'hui
Que l'œuvre du méchant doit périr avec lui. »

Livre III, Fable 14




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