Dans un vallon délicieux
Non loin d'une source sacrée,
Chéri des hommes et des dieux ;
Vivait un laboureur, l'honneur de la contrée.
Son esprit juste, son bon sens,
Son inébranlable droiture,
Trésors d'une heureuse nature,
Le faisaient regarder par tous les habitants
Comme oracle de son temps.
La Discorde, à la voix sinistre,
Agitait-elle ses serpents ;
Zircas, comme un sage ministre,
Etouffait leurs vains sifflements.
Dans les familles malheureuses
Ti ramenait la douce paix,
Arrêtant les suites fâcheuses
De tout déplorable procès.
Lorsqu'un berger était en proie
Aux funestes feux d'un amour
Sans retour,
Dans le sensible coeur il rappelait la joie.
Le champ du laboureur accablé par les ans,
Et privé de progéniture,
Demandait-il des bras ; les bergers, jeunes gens,
A sa puissante voix en faisaient la culture ;
Lui-même il prenait soin des jeunes orphelins;
Des veuves sans soutien il calmait la misère.
I se rendait tous les matins
Sur le haut des coteaux voisins;
Au Dieu de la nature il faisait sa prière.
Zircas vécut long—temps; il ne fut jamais vieux;
Nul jour ne s'écoula sans qu'il fit des heureux.
Sa mort fut un sommeil, mais le sommeil du juste;
Il vécut après son trépas,
Et Von mit sur la tombe un chêne pour tout buste,
Avec ces mots : Le juste ne meurt pas, Zircas,