La Pie cancanière Théodore Lorin (19è siècle)

Par son naturel faux et double,
Ses cancans et ses sots propos,
Une pie intrigante avait jeté le trouble
Dans le royaume des oiseaux.'
Partout elle excitait et noises et querelles :
Bref, elle aurait brouillé même deux tourterelles.
A l'aigle on se plaignit : ce monarque puissant
Aurait pu d'un seul coup de serre.
Mais l'être vraiment fort est toujours débonnaire.
Tout à la fois ferme, sage et clément,
Il se montrait moins souverain que père,
Laissant aux rois faibles et sans talent
Le despotisme et l'arbitraire.
Par ses ordres formels les oiseaux réunis
Découvrirent bientôt que la méchante pie
N'avait pas épargné la basse calomnie
Pour désunir les parents, les amis.
A l'unanimité la coupable bannie,
Triste, isolée, et loin de sa patrie,
Succombant sous le poids du mépris général,
Mourut enfin désespérée
De se voir désormais sevrée
Du pouvair de faire le mal.