Un fourgon attelé de six mules pesantes
Cahin-caha lourdement se traînait ;
Un ballon décoré de couleurs éclatantes
Dans les plaines de l'air gaiment tourbillonnait.
« Dieu ! quelle massive tournure !
Dit-il en ricanant : une telle voiture
A peine aux limaçons disputerait le prix.
Mon cher, ajouta-t-il, vous faites, ou je meure,
Tout au plus un mille par heure.
Avant que vous ayez rampé jusqu'à Paris,
Je serai. » Tout à coup une horrible tempête
Loin de sa route le rejette.
En vain il veut lutter contre le vent ;
Force fut de céder, trop heureux que l'orage
Ne l'eût point déchiré. Le fourgon cependant,
Grâce à son robuste attelage,
Va toujours son chemin. Ce ballon si léger,
Pour éviter un imminent danger,
Vers la terre se précipite.
« Ami, dit le fourgon, tu viens de l'éprouver :
En allant terre à terre on arrive moins vite ;
Mais on est plus sur d'arriver. »