Les deux Voyageurs et le Pommier Théodore Lorin (19è siècle)

Sous le feuillage hospitalier
D'un magnifique et fertile pommier,
Deux voyageurs trouvaient une ombre bienfaisante,
Un doux repos, et puis des fruits délicieux
Qui calmaient leur soif dévorante.
« Béni soit l'être, ami des mortels et des dieux,
Dont la main, à la fois et bonne et prévoyante,
Nous a donné cet arbre précieux, »
S'écria l'un des deux. « J'admire ta simplesse,
Interrompit son compagnon.
Ce mortel, à tes yeux et prévoyant et bon,
Qui nous donna, dis-tu, dans sa haute sagesse,
Cet arbre dont les fruits te paraissent si doux,
J'en suis bien convaincu, ne pensait point à nous :
Il le planta pour son usage. »
« Soit, reprit le premier, plus sensible et plus sage ;
Mais envers lui gardons de nous montrer ingrats,
De ses bienfaits ne jouissons-nous pas ? »

Livre VII, Fable 22




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