Sous le feuillage hospitalier
D'un magnifique et fertile pommier,
Deux voyageurs trouvaient une ombre bienfaisante,
Un doux repos, et puis des fruits délicieux
Qui calmaient leur soif dévorante.
« Béni soit l'être, ami des mortels et des dieux,
Dont la main, à la fois et bonne et prévoyante,
Nous a donné cet arbre précieux, »
S'écria l'un des deux. « J'admire ta simplesse,
Interrompit son compagnon.
Ce mortel, à tes yeux et prévoyant et bon,
Qui nous donna, dis-tu, dans sa haute sagesse,
Cet arbre dont les fruits te paraissent si doux,
J'en suis bien convaincu, ne pensait point à nous :
Il le planta pour son usage. »
« Soit, reprit le premier, plus sensible et plus sage ;
Mais envers lui gardons de nous montrer ingrats,
De ses bienfaits ne jouissons-nous pas ? »