Du Coc et de l'Esmeraude Ysopet I (Moyen Âge)

Un coq sur un fumier estoit :
Du bec bechoit, des piés gratoit
Comme pour sa viande querre,
Tant qu’une précieuse pierre
Et moût riche a trouvé au fiens.
Cil a qui il n’en fust a riens
Dit, com cils qui point ne la prise,
Riche pierre, mal es assise :
A moy ne pues tu faire pi'eu ;
Mal hesbergiée es en ort lieu !
Si com je t’ay trouvé, t’éust
Celui qui avoir te déust,
Mieux fust ta grant biauté véue
Et ta grante bonté cogneue !
Tu ne m’afiers ne je a toy :
Je ne te vueil ne tu vues moy.

Icest pierre senefie
Sagesse et le coch la folie.
Sens et folie, ce me semble,
Ne s’accordent pas bien ensemble.
L’en dit que le nombre infenit
Sus les fos point ne se fcnit.
Le fol demonstre sa folie :
Partout la vet-on en oye.
La condition des gens sages
Toujours amende leurs corages.
Le fol se mue com la lune :
N’est en lui fermetés aucune.

Tiré du le livre Fables inédites des XIIè, XIIIè, XIVè siècles et Fables de la Fontaine, par A.C. M. Robert, 1825, p.81


Fable I

Notes

Fiancle : querre, chercher sa subsistance
Fiens : fumier, mot bourguignon
Preu : profit, avantage
Ort : sale, dégoûtant, de horridus
Affiert : convient
Oye : oreille. Ou l’entend partout quand elle parle

Entre le titre et la fable, nous avons deux orthographes de coq.


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