Le Tigre et le Ruisseau Adine Joliveau (1756 - 1830)

Un Tigre s'endormit sur les bords d'an Ruisseau.
Ainsi que son repos son réveil fut terrible ;
Prince cruel, il fit son songe horrible.
Son sourd rugissement épouvante l'écho ;
Le Rossignol se tait, se cache sous l'ormeau,
Tout tremble... Seul encor notre Ruisseau murmure,
- Prétends-tu m'insulter quand toute la nature
Répond, lui disait-il, à mes gémissements ?
Quand Philomèle a suspendu ses chants,
Dois-tu, pur et limpide, en paix rouler ton onde,
Et ne point partager le trouver de mon cœur ?
Le Tigre en proie à la douleur
Doit porter la terreur au monde.
Il dit, arrache un roc, qu'avec rage il saisit,
Le lance et trouble l'eau qui sur lui rejaillit.
L'aspect du mal qu'il vient de faire,
Semble pour un instant assouvir sa fureur ;
C'est son exécrable bonheur :
Qui l'envierait ! A joie et vaine et passagère!
Bientôt il Toit ce paisible Ruisseau.
Purifié du limon qui l'altère,
Doucement couler de nouveau ;

Le méchant cherche en vain à troubler la nature.
La vertu rend bientôt le calme à l'âme pure.

Livre II, Fable 3




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