Les Chenilles Adine Joliveau (1756 - 1830)

Vainqueurs des Aquilons et des fougueux Autans
Des chênes respectés des temps
Etaient l'orgueil de la nature
Ils protégeaient les champs et la verdure,
Quand on vit tout-à-coup d'insectes malfaisants
S'élever un épais nuage
Des Chenilles au doux printemps
Dévorent leur tendre feuillage.
Soudain Flore et Zéphir désertent ce séjour
Plus de fleurs, hélas plus d'amour:
Les Silvains les jeunes Dryades
Ne viennent plus an son des flageolet,
Danser sous les ombrages frais ;
On voit les timides Naïades
En proie aux sabres brùlants
Vous allez donc tomber, protecteur* bienfaisant
Vous penchez votre front auguste
A vos pieds nous voyons déjà périr l'arbuste,
Les dieux ont déserté nos bois;
Des oracles sacrés on n'entend plus la voix
Des insectes rampants, du sein de la poussière,
S'élevant à t'envi sur votre cime altière,
Insultent à nos maux. Fuyons. du haut des cieux
Quelle divinité m'apparait en ces lieux ? °
Tout renaît à sa voix o consolant prodige I
Par ses soins, on la voit ranimer chaque tige,
Purger l'air et frapper ces essaims odieux.
Arbres sacrés pour vous le printemps va renaître
Le bonheur exilé pour nous va reparaître.

Tel on vit et patrie ! un dévorant essaim,
De la fange sorti. te déchirer le sein
Le ciel l'a dissipe, taris enfin tes larmes ;
Sous ton Roi tu renais, tu reprendras tes charmes,
L'horizon épuré t'assure un jour serein.

Livre I, Fable 1




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