La Fourmi et l'Avare Adolphe Durand (1784 - 1878)

L'avare moissonne un bl6 dont il ne fera jamais de pain, ni pour lui ni pour les autres : il eût mieux fait de l'abandonner aux oiseaux

Une fourmi traînait avec beaucoup de peine un grain de froment dans son grenier. Un avare la vit : « O des animaux le plus prudent ! s'écria-1—il, fourmi capable de donner des leçons aux sages les plus éclairés ! jusqu'à quand lés hommes fermeront-ils les yeux sur toi, et refuseront-ils de suivre ton exemple ! — L'animal diligent, ayant posé son grain, lui répliqua : Mais toi-même, jusqu'à quand diffèreras-tu ? car tu ne le fais en aucune manière. Je ramasse ; tu en fais autant, il est vrai ; mais mon but est de profiter en hiver dés fruits de mes travaux d'été; au lieu qu'imbécilement épris de ton trésor,, lu le conserves sans oser y toucher, non plus qu'à une chose sacrée. Adieu. Retiens cette leçon. » Là-dessus, ayant repris son grain, elle s'achemina vers son grenier.