Puisque le travail, occupant utilement notre activité nous éloigne des vices, nous devrions non-seulement, l'aimer, mais le bénir comme le protecteur de la vertu.
Un chien, occupé jadis à défendre des loups «n troupeau que son maître gardait, resta quelque temps éloigné des brebis et de toute autre occupation. Le premier jour, l'ennui l'accablant, il parcourut tout le voisinage de sa demeure. 11 passa son temps sans dissiper son ennui : le travail seul a cette heureuse propriété. Le lendemain, même course et même ennui. Le jour suivant, ne pouvant plus supporter cette vie oisive, il s'amusa à poursuivre les poules d'une ferme voisine. Des plaintes ! furent portées au maître ;- il lui en fit ; des reproches, qui le continrent quelques jours ; mais son ennui ne se dissipant pas, il courut avec d'autres chiens, et resta quelque temps absent. Revenu chez lui, il poursuivait les passants, et les mordait parfois ; il devenait enfin un vaurien achevé. Son maître l'ayant vigoureusement tancé : « Que voulez-vous que je fasse ? lui répondit-il ; il faut bien que je m'occupe à quelque chose. — Fort » bien ! lui dit son maître, tu m'ouvres » les yeux ; et pour te corriger, dès demain je t'envoie garder le troupeau. »