Le vieux Hibou Adolphe Durand (1784 - 1878)

On n'a jamais bien fait quand on aurait pu mieux faire.

Un vieux hibou que l'âge avait privé de l'usage de ses ailes, dit une nuit à son fils : « Sors, mon enfant, va chercher de la nourriture pour tous deux. La vieillesse m'empêche de le faire moi-même. Ah ! comme autrefois je n'aurais pas eu besoin de ton secours ! je me rappelle » Le fils n'attendit pas la fin du discours de son père ; il partit, et rencontra par bonheur une troupe d'oiseaux endormis sur les branches d'un chêne. Là il pouvait prendre à discrétion, et comme Diomède au camp des Troyens endormis, en envoyer à la mort tout autant qu'il aurait voulu : la nuit et le sommeil des oiseaux le favorisaient ; mais il se contenta d'en prendre deux, pour les porter à son père. Tenez, dit-il en arrivant, j'ai rencontré bonne fortune. Si j'avais voulu, j'en aurais apporté dix ; mais je me suis contenté de ces deux. Prenez et mangez Mais vous rie me paraissez pas content de mon' expédition. Ni ne le suis en effet, lui répondit le père. Hibou, mon fils > tu n'es pas sage, encore. En apportant deux ; oiseaux, tu crois avoir fait beaucoup et moi je dis que ce n'est pas, assez, puisque tu pouvais en apporter davantage.

Livre II, Fable 12




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