Les deux Lapins Adolphe Durand (1784 - 1878)

Celui qui se fie trop a la fortune se trouve souvent sans secours. Celui qui prévoit les dangers et travaille à s'en garantir est en sûreté contre tous les événements.

Deux lapins, lancé par dès chiens, étaient allés se blottir dans un terrier. Aussitôt qu'ils y furent, l'un deux se reposant au fond de cette retraite, semblait être en toute sûreté. —; « Que fais-tu là, lui dit son camarade ; viens m'aider ; roulons ces pierres à l'entrée du trou grattons de la terre dessus, et le bouchant ainsi, faisons-nous un rempart contre les chiens et les furets.— Oh ! dit le fainéant, les chiens, les furets ne viendront pas ici. Si toutefois tu veux te donner de la peine inutile, travaille seul. — Ils sont éloignés, dit le lapin prudent ; mais ils peuvent y venir ; » et il poussa des pierres en avant. Grattant ensuite à reculons, il jeta de la terre sur les pierres, et boucha de cette manière l'entrée du terrier. Il avait à peine fini, qu'ils entendirent les glapissements des chiens, qui, trompés par la prudence du lapin, ne les soupçonnant pas là, et ne trouvant plus de voie, retournèrent sur celle qui les avait conduits, et s'égarèrent à leur recherche. Un moment après leur départ, le lapin fainéant, tremblant encore, mais respirant enfin, dit à son camarade : « Ami, je te remercie de deux choses : d'abord, de m'avoir sauvé la vie, et ensuite, de la leçon que tu m'as donnée. »

Livre I, Fable 24




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