Des Lapins au logis l'un sur l'autre entassés,
Un jour, dans un enclos d'assez grand arpentage,
S'échappèrent joyeux ; mais ce n'était assez,
Ils rêvaient encor davantage,
Le plus âgé, réputé sage,
(Car môme les Jeannols acquièrent par les ans,)
S'applique à les calmer par grave remontrance :
« Lapins légers et turbulents,
Écoutez, leur dit-il, la voix de la prudence :
Tenez pour un grand bien ce champ où vous courez,
Pour vous viennent à point repos, bonne pitance.
Vous serez moins chez vous étant moins resserrés,
On vous pourchassera, croyez ma prophétie. »
A vaincre ces mutins, il ne fallut songer,
Aucun ne croyait au danger ;
L'esprit d'indépendance était de la partie.
L'un par l'autre excités, an travail s'animant,
Voilà tous nos coureurs de l'enclos «'échappant.
Surviennent les chasseurs : nul n'est assez alerte ;
On les traque, on les prend ; ils succombèrent tous.
Jeunes amis, avis à vous ;
N'agissez par complot, on y trouve sa perte :
Une mauvaise tête à deux cents fait la loi,
Car c'est aux moins sensés que l'on ajoute foi.