Une Biche à la cour vivait en favorite ;
Le maître du logis la caressait souvent,
Et plus d'un courtisan qui marchait à la suite
Lui réservait un doux présent.
La bête affriandée, exigeante et rebelle,
Regardait à la main dès qu'on venait vers elle :
Point de dons, point d'accueil, coups de patte et de
Enfin, las de la voir estropier les gens, [dents,
Lo Prince résolut de châtier la belle ;
Il donna tout à coup l'ordre de l'exiler.
Dans la forêt lointaine, il lui fallut aller.
La pauvre Biche, hélas ! sentit la différence ;
Où retrouver jamais si brillante existence ?
De ses gémissements l'écho retentissait ;
De ses grands airs pourtant rien ne la corrigeait ;
Les bêtes la fuyaient. Seule et désespéréo,
Elle allait parcourant la sauvage contrée,
Donnant un libre cours à toutes ses douleurs :
« C'en est trop, disait-elle en sa tristesso amère ;
Tout s'éloigno de moi, môme lo Cerf mon frère ;
J'ai tout perdu ! Croyez aux princes, aux flatteurs ! »
Un vieux Chevreuil lui dit : « Ma chère,
Que n'as-tu tout perdu ? Tu n'as plus tes grandeurs,
Mais tu gardes ton caractère. »