La Rose et le Papillon Alexandre Coupé de Saint-Donat (1775 - 1845)

Dans un parterre un papillon
Voltigeait auprès d'une rose.
Brillant était ce papillon,
Entr'ouverte était cette rose :
Quoique léger le papillon
Se fixe bientôt sur la rose.
« Monsieur, dit-elle au papillon,
Je suis fragile, je suis rose,
Et je sais trop qu'un papillon
Peut ternir l'éclat d'une rose
Retirez-vous, beau papillon,:
Respectez l'honneur de la rose.
Eh ! quoi, reprit le papillon,
Vous me chassez, aimable rose
L'Amour lui-même est papillon,
Son teint a la couleur de rose ;
Ses ailes sont d'un papillon,
Ses flèches d'épines de rose.
Zéphir n'est-il pas papillon,
Et votre mère, aimable rose
Flore, à ce joli papillon,
N'a-t-elle pas donne' sa rose ?
Si les appas d'un papillon
Brillent comme ceux de la rose :
Si tout l'éclat d'un papillon
Ressemble à l'éclat de la rose,
Vous conviendrez qu'un papillon
Peut être l'époux d'une rose.
N'attriste pas ton papillon,
Belle mais trop cruelle rose :
Je jure, foi de Papillon
Constance éternelle à la rosé. »
Eloquent fut ce papillon,
Trop crédule fut cette rose :
Aussi bientôt le papillon
Se blottit au sein de la rose.
Heureux, l'inconstant papillon
Part, voltige de rose en rose ;
Chaque rose eut ce papillon,
Ce papillon eut chaque rose,
Regrettant son beau papillon,
Sur sa tige mourut la rose.

Aux beaux discours du papillon
Ferme l'oreille, aimable Rose.
Un amant, c'est le papillon,
La jeune fille, c'est la rose.

Fable 2




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