Un jour Guillot le lièvre avec Jeannot lapin
Ensemble raisonnaient sur les maux de la vie ;
Hélas, disait Guillot, quel est notre destin !
Toujours nouvelle transe et nouvelle avanie ;
On ne peut dans ces champs habiter en repos ;
Tantôt ce sont les chiens, tantôt les houbereaux.
Eh ! pourquoi contre nous cette éternelle guerre ?
Nous vivons sobrement, un peu d'herbe suffit
Pour contenter notre appétit.
Avons-nous quelquefois ensanglanté la terre ?
Notre faiblesse, je le crois,
Mieux que tous nos terriers, mieux que le creux Vies bois,
Devrait nous protéger. — Eh !-quoi, notre faiblesse,
C'est elle, dit Jeannot, qui fait notre détresse :
Ne sais-tu pas que de tous temps
La faible, mon ami, fut croqué par les grands.