Un vieux loup, à son fils, prêchait la tempérance.
Modère, disait-il, tes appétits gloutons :
Désormais, mon enfant, respecte les moutons,
Ainsi l'exige la prudence ;
Feu ton grand-père étranglé par les chiens,'
N'est-ce donc pas un exemple terrible ?
Et moi, ces jours passés, à quel danger horrible
N'ai-je pas échappé ? mon fils, tu t'en souviens,
Dans le combat j'ai laissé mes oreilles :
Evitons désormais des rencontres pareilles ;
Bien loin des chiens et du berger,
Tenons-nous, mon enfant, à l'abri du danger.
Le jeune loup répond : quoi ! j'aurais la faiblesse
De suivre ce conseil dicté par la vieillesse ;
Je suis jeune, mon pnre, et je me sens des dents,
Dont les mâtins seront contens ;
Contre moi qu'ils osent combattre,
Je vous réponds de les abattre.
Quant aux moutons, ma foi, j'en croquerai
Comme vous et les miens, ou bien je ne pourrai.