L'Aide invisible Alexis Rousset (1799 - 1885)

Un poète était très fécond :
Animé d'un ardent courage,
Il s'illustrait par maint ouvrage
Étincelant, grave et profond.
On n'avait rien vu de semblable.
Travaillait-il donc nuit et jour ?
Nullement ; car son âme, à l'excès inflammable,
A tous les dieux faisait la cour.
Mais du moins au travail il revenait bien vite,
Et c'est à cela seul qu'il mettait de la suite,
De l'ordre, du bon sens enfin.
Un auteur moins fécond lui dit : c'est impossible
Qu'un peu de labeur le matin
Suffise à votre plume habile. Il est visible
Que quelqu'un travaille avec vous.
Certes, je ne suis pas jaloux ;
Mais de grâce... - En effet, une obligeante amie,
Sage pilote de ma vie,
Règle et féconde mon travail ;
Seule, elle tient le gouvernail ;
Je n'écris jamais qu'à sa mode. -
- Ah ! du moins, son nom ? -La Méthode.

Livre III, fable 17




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