Un artiste se fit un très bel instrument,
Flûte, violon ou violoncelle...
N'importe, c'était un modèle
A conserver soigneusement.
L'artiste l'enferma dans un étui solide
Qui pût l'isoler des corps durs,
Et, pour qu'il eût des sons plus purs,
Le tenir à l'abri du froid et de l'humide.
Il évitait de le prêter ;
Ce n'était point par égoïsme,
Mais un moins bon artiste en aurait pu gâter
Le pur et parfait mécanisme.
Enfin, c'étaient des soins constants.
Notre homme aussi faisait merveilles,
Et de ses nombreux écoutants
Il charmait à la fois les yeux et les oreilles.
Il obtint de brillants succès...
Poètes, n'oubliez jamais
Que l'instrument, pour vous, c'est l'âme ;
corps en est l'étui. Voulez-vous qu'une flamme
Vive et brillante éclate en vos moindres écrits,
Et du premier des arts aille atteindre le faîte :
Soignez de l'instrument la pureté parfaite ;
De l'honnête et du vrai soyez toujours épris.
Donnez au monde un noble exemple,
Et laissez aux vendeurs du temple
Ce métal qu'à tout prix ils veulent obtenir.
Ils n'ont que quelques jours à vivre ;
Tandis que la Muse vous livre
L'immensité de l'avenir !