Sous les voûtes d'un temple antique,
Un Réverbère magnifique
Répandait depuis peu la plus vive clarté :
Dans les sombres détours de ce temple écarté
Reposaient des trésors immenses,
Monuments précieux des arts et des sciences,
Dérobés aux regards de la postérité.
Là, sur une colonne et près du péristyle,
Une Chauve-souris, pendant l'obscurité,
Avait établi son asile.
-Quel est donc ce flambeau qui vient blesser mes yeux
De son importune lumière ?
Dit-elle en baissant la paupière.
Je n'y puis résister. —A ces mots, elle fuit,
Allant cacher sa rage au fond d'un noir réduit.
Mais à peine le Réverbère
Laisse-t-il amortir ses feux,
Que la Chauve-souris de son trou ténébreux
S'élance en frémissant, pousse un cri de mégère ;
Puis, dirigeant son vol vers le globe fatal
Dont l'éclat l'offusquait naguère,
Elle cherche à briser sa prison de cristal.
Vains efforts ! rage inutile !
Le Réverbère immobile
Oppose le mépris au courroux de l'oiseau,
Et, dès la fin du jour, brille d'un feu nouveau.
Illustre Gébelin, tandis qu'à ton génie
D'Albon élevait un autel,
Ainsi nous avons vu l'ignorance et l'envie
Attaquer ton livre immortel.