Mourant de faim, de froid et d’insomnie, Un loup lésait tous les hyvers Le projet de changer de vie. Mais à peine d’herbe fleurie. Les prés se montraient-ils couverts, Que les troupeaux quittant la bergerie, Et le glouton oubliant ses revers. Ce beau proiet se perdait dans les airs. Finalement une certaine année Que les aquilons et borée, Et les neiges et les frimats, Contens de leur règne ici bas, En prolongèrent la durée, A force de jeûner, la bête exténuée, Passa de la vie au trépas, En maudissant sa destinée. De mille passions, le jouet tour-à-tour, Vous vous plaignez, humains, des maux qu’elles vous causent ! Secouez, donc le joug qu’elles imposent. Demain, me dites-vous ; pourquoi pas dès ce jour? Au plus grand des dangers ces retards vous exposent : De lendemain en lendemain Le teins fuit, les heures s’envolent ; Le but qu’on touchait de la main S’éloigne, disparaît enfin, Et vous restes en proie aux maux qui vous désolent.; Telle en un char qui roule avec Fracas, Une roue en poursuit une autre sans l’atteindre ; Saisissez donc l’instant et ne remettez pas, Ou du moins cessez de vous plaindre.