Le petit Chien (2) Antoine Vitallis (1749 - 1830)

Un petit chien, empâté de biscuit, De fins bonbons et de gimblettes, Etouffait d’embonpoint. Partout il n’était bruit Que de sa graisse et de ce qui s’ensuit ; Car des talents ! aucun. Or, sur ces entrefaites, Sa vieille maîtresse mourut ; Et dans les parts qui furent faites, De ses écus, de ses cornettes, Et du singe, et du chat et de toutes ses bêtes, Favori, par hasard, échut À la plus vilaine qui fût Des trois nièces de la défunte. Plus de biscuits, encor moins de bonbons ; Du pain tout sec ; si faut-il qu’on l’emprunte. Bien dur, de la voisine, alors qu’à la maison Il est trop frais, partant trop bon. Favori se fit avec peine A cet ordinaire frugal ; Et grâce à la vilaine, Qui le traitait si mal, Sa graisse disparut en moins d’une semaine : Mais il y gagna la santé, L’agilité, Et surtout l’amabilité. Tout fut donc pour le mieux. Ce chien me représente Un enfant qu’on a dorloté, Et qui doit plus, en vérité Au dur pédant qui le régente, Qu’aux sots parents qui l’ont gâté.





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