L’insupportable bruit ! Que ces gens sont barbares !
Disait mon Favori, qui, près d’un rubanier,
Se dépitait d’avoir ses lares :
Quel fléau qu’un pareil métier !
Il faudra que je déménage.
Jamais un chien de ma façon
N’a soutenu pareil tapage.
Je vais ailleurs chercher une maison.
Je le veux bien, pour plus d’une raison.
Qu’on fasse des rubans ; il en faut pour ma tête,
Pour attacher ma queue et pour parer mon cou,
Mais qu’on les fasse au loin. Veut-on me rendre fou ?
Cette race est bien malhonnête
D’avoir si peu d’égards pour mon cerveau !
Ce langage n’est pas nouveau.
Mon joli chien était l’écho de sa maîtresse.
J’ai vu dans Paris la noblesse,
Et même ceux que l’or élève à son niveau,
Voisins d’un atelier, tomber presque en faiblesse.
Financiers de deux jours, grands d’hier, tout s’empresse
Entre cour et jardin d’isoler son château.
Ouvriers, qui pour eux succombez sous la peine,
Allez plus loin vivre ou mourir :
Vos services leur font plaisir ;
Mais vos travaux leur donnent la migraine.
Nom complet : Le Joli Chien logé à côté d'une fabrique de rubans