Les animaux contemporains,
Prompts imitateurs des humains,
Dans les livres du fabuliste,
Décidèrent que, chaque artiste
Ses œuvres d’art exposerait.
Le jury récompenserait
En brevets, médailles, étoiles,
Les auteurs des meilleures toiles.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Tous d’accourir, tous d’exposer,
Et talents de rivaliser :
Minet sur un joli visage
Avait brossé son paysage.
Le tigre exhibait un chasseur,
Portrait d’inhabile tireur
Peint à l’ongle avec conscience.
Ce tableau de grande valeur,
Très estimé du connaisseur,
Méritait le prix d’excellence.
Mais le jury pour ses petits,
Ses camarades, ses amis,
Réservait les croix, les médailles.
L’an suivant, mêmes représailles :
Il se décerna le cordon,
Lui seul remporta le fleuron.
L’an d’après, les autres artistes
S’abstinrent de dresser leurs listes,
Clouant du coup au pilori
Exposition et jury.
Bien l’on faisait ; certain d’avance
Qu’on n’aurait point la récompense.
Trouver un juge impartial
C’est merle blanc chez l’animal.
Il n’est pas plus commun chez l’homme
Qu’il soit de Pontoise ou de Rome.