Le Mulet et le Lièvre Augusta Coupey (1838 - 1913)

Un mulet se moquait des oreilles du lièvre.
— Bon Dieu ! s’écriait-il en retroussant la lèvre,
C’est la coiffure des benêts
Que ces gigantesques cornets.
Je rougirais d’avoir ajusté sur la tête
Semblables ornements pour aller en conquête.
Le lièvre riposta : — Mon ami, je vous plains
De les trouver aussi vilains,
Car ils sont à peu près en tout pareils aux vôtres,
Dont la taille est celle des nôtres ;
Mesurez-les dans l’abreuvoir
Servant aux mulets de miroir.
L’autre regarde l’onde et dit : — Plus je me mire,
Plus, parole d’honneur ! mes oreilles j’admire.
— N’ont-elles pas un brin la forme d’un cornet ?
— Si fait, mais malgré ça c’est un joli bonnet
Qui donne à tous mes traits caractère typique ;
Feu Midas le portait, il est académique.
— Oui, répliqua le lièvre, et je pense à part moi
Qu’on blâme dans autrui ce qu’on tolère en soi.

Livre I, Fable 13




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