Un ours adorait son ourson :
Quelquefois un ours est bon père ;
I! fit venir au fond de sa tanière,
Un mouton.
Je t'ai choisi, dit-il, à la hôte tremblante,
Pour élever mon cher petit,
Lui donner ton esprit,
Ta douceur et ton âme aimante :
Dès aujourd'hui sois son Mentor ;
Sois digne de ma confiance,
De ton cœur, à son cœur, donne la ressemblance,
Qu'il soit l'appui du faible, et la terreur du fort.
Ça dit, on se met en voyage.
Notre ourson devint ours, mais doux comme un mouton,
Sage comme une image,
Tant bonne avait été son éducation.
Heureux, on revenait de prairie en prairie s
Quand un loup, en furie,
Sort d'un bols, emporte un agneau.'
Que fit noire ours ? il dévora la mère ;
Il eût même étranglé le mouton son ami,
S'il ne s'était enfui.
Du méchant on ne peut changer le caractère.
L'enfer seul le pourra,
Quand éternellement le méchant brûlera.

Livre III, fable 11




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