Donnons toujours à la jeunesse
Bons exemples et sages leçons ;
Ce sont là les meilleurs sermons,
Qui nous conduisent a la sagesse.
Joséphine, espiègle enfant, '
Bon cœur, tout pour plaire,
Avait une bonne mère,
Qui lui fit un petit présent.
C'était une écritoire, avec poule en faïence ;
Cet attribut de l'intelligence,
Pour le cœur et l'esprit,
Par la mère, à sa fille, amena ce récit,
« J'ai voulu, mon enfant, te donner une image,
De ce qu'il faut aimer pour plus tard être sage,
Avant tout servir Dieu, qui nous donna le jour,
Nous lui devons tout notre amour,
Si je le donne une écritoire,
C'est pour acquérir les talents
D'exprimer de ton cœur les tendres sentiments,
Si quelque jour Dieu nous sépare.
Cette poule, cherchant son grain
C'est une très bonne pensée
De l'avoir sous nos yeux placée,
Quand nous avons la plume en main ;
Quand nous cherchons, dans notre intelligence,
A pénétrer les mystères du ciel,
Tous ces astres sans fin, ces mondes, ce soleil,
Que Dieu soutient dans l'air par sa toute-puissance.
Mais revenons, mon cher enfant,.
À la poule grattant la terre ;
Imitons-la, ne restons jamais sans rien faire ;
L'oisiveté, Dieu la défend.
S'il t'advenait rang, richesse,
Garde cet encrier comme un bon souvenir ;
Qu'il te dise, dans ta vieillesse ;
Travaille encor... C'est là que j'en voulais venir »...
Si nous voulons, au moyen de la fable,
Donner un bon conseil,
Et rendre la morale aimable,
Que dans notre encrier il n'entre point de fiel,
Car la poule, autrement, pourrait fort bien nous dire :
Il vaudrait mieux no pas écrire.

Livre IV, fable 14




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