Un mur tombait, en ruines ;
Ses parois ne tenaient qu'aux pousses des épines,
Et, sur lé sol le temps
Comptait par ses débris le nombre de ses ans.
Ce vieux mur n'est-il pas notre parfaite image ?
Les épines aussi viennent nous avertir
Qu'il est bientôt temps de partir,
Bientôt temps d'être sage,
Mais reprenons notre récit.
Sous une pierre chancelante,
Dont |a chute était imminente,
Une hirondelle fit son nid.
Raison le défendait ; mais elle avait beau dire,
La tendresse et l'amour,
S'en venaient tour à tour
La contredire.
Qui peut arrêter le désir ?...
On bâtit, on maçonne,
.Au mur on abandonne
Nid, amour avenir !
La bâtisse est bientôt achevée, arrondie ;
Le duvet mis, les œufs pondus,
Echos, tous les petits venus.
Palpitants au logis, d'espérance et de vis.
Tour à tour les époux '"
Réchauffent leurs amours, vont chercher la pitance,
L'insecte, que dans l'air créa là Providence.
Fatigues, soins, dangers, peines, tout leur est doux !
Tendresse maternelle,
Qui ne reconnaît là
Les biens dont le ciel nous combla,
Lorsqu'il nous plaça sous ton aile !.,,
Déjà l'on gazouillait-;
Seul on prenait dans le bec de la mère ;
Le bonheur n'était plus ce qu'on nomme chimère :
Demain on s'envolait !...
Demain, que de fois ce langage
A trompé l'attente ici-bas ;
Pauvres petits oiseaux, hélas !