Le Cheval belliqueux Baron de Stassart (1780 - 1854)

« Pourquoi ces pleurs et ces tristes adieux ?
« Sommes-nous donc tous nés pour travailler la terre ?
Disait à ses parents, gens fort laborieux,
Un cheval limousin qui partait pour la guerre:
« Je n’ai point de biens, point d’aïeux….
« Je vais me faire un nom sur les pas de Bellone ;
« La mort, on le sait trop, ne fait grâce à personne ;
« Par-tout, hélas ! jeunes ou vieux,
« Sa redoutable faulx à son gré nous moissonne.
« Un vulgaire trépas vous menace en ces lieux :
« Moi, si je meurs, au temple de Mémoire
« On me verra, pour mes exploits fameux,
« Près du coursier Bayard, placé parla victoire.
« Chacun alors d’admirer ma valeur !
« Chacun de s’écrier en lisant mon histoire :
« Tel, dans les champs, qui finit sans honneur,
« S’il mourait comme lui, serait comblé de gloire ! »
C’est bien là parler en héros,
Du moins c’est ainsi que je pense:
Mais suffit-il toujours de courir une chance,
De consacrer sa vie aux plus nobles travaux ?
Il faut (c’est le grand point) se mettre en évidence
Et savair mourir à propos.
Mon cheval, par exemple, à son ardeur guerrière
Donnant un libre essor, fit ses preuves si bien
Qu’un boulet l’arrêta tout court dans sa carrière,
Et le Moniteur n’en dit rien.





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