La Conscience et l'Opinion Camille Viala (19è siècle)

Un riche flambeau projetait
Une étincelante lumière,
Quand, soudain, une torche altière,
Qu’un éclat si pur irritait,
Tout près insolemment se dresse ;
Puis, agitant avec hardiesse,
Le panache de sa lueur
Rougeâtre ; Ici je suis maîtresse,
Dit-elle, fuis, flambeau trompeur,
Mieux et plus loin que toi j’éclaire.
— Vous êtes le feu qui noircit,
Lui répartit son adversaire,
Le feu qui brûle et qui rougit ;
Point de débats : souvent, sur vous pèse un stigmate,
Car on vous voit parfois l’instrument d’Erostrate ;
Et nul ne saurait sans danger
Suivre votre éclat mensonger,
Devant qui tout change et s’altère.

On reconnaît chaque adversaire :
Ici la conscience et là l’opinion
La première est l’expansion
De ces sentiments d’une essence
Pure comme la vérité,
Et tient toute son influence
D’une sincère liberté ;
Tandis que souvent violente,
Intraitable, l’opinion
Exerce une pression
Mauvaise, aveugle, désolante.
C’est l’ascendant de la raison
Que la conscience publique.
L’opinion est tyrannique,
Vivant de passions, d’abus,
Que de peuples elle a perdus !
Mais le cri de la conscience
Est l’écho de la Providence !

Livre I




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