Le Renard qui a la queue coupée Charles Beaulieu (19ème)

Des renards désœuvrés s'occupaient de médire,
Et de rire,
D'un de leurs bons amis. De ces sortes de gens,
C'est assez l'ordinaire,
Surtout, quand pour passer leur temps,
Ces soi-disant amis n'ont rien de mieux à faire.
Or, ce que l'on disait avec tant d'amitié,
De celui qui faisait le sujet de la glose
Etait fort peu de chose :
C'était d'avoir perdu sa queue, ou la moitié,
En passant dans un lacs : Nul n'en savait la cause,
Les uns l'attribuaient au manque de savoir,
D'autres à certains cas que l'on ne peut prévoir,
D'autres enfin au tort de s'être laissé prendre.
Pour éclaircir le fait, notre pauvre écourté,
S'étant toujours gardé pour la faire comprendre,
De dire là- dessus toute la vérité,
Il n'est pas étonnant que l'on ne put s'entendre.

S'entendre ! pour cela, comment trouver d'abord
Un larron, aimant mieux convenir de son tort,
Que risquer à se faire pendre.

Livre V, fable 5




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