Des prudentes fourmis la famille frugale
Exposait au soleil ses grains pour les sécher,
Lorsqu'une famélique et mourante cigale
Les supplia de se laisser toucher
Par sa misère sans égale.
Une vieille fourmi, qu’elle scandalisait,
L’interrogea sur ce qu’elle faisait
Pendant la saison des javelles.
Elle dit : « Je chantais, et le bruit de mes ailes
Charmait des moissonneurs le travail et ennui».
— « Vous chantiez, répondit la vieille ménagère,
Eh bien! dansez donc aujourd'hui
Que la faim vous rend si légère. »
Tout homme, s'il n’est hébété,
Doit songer à l'hiver quand il est en été.
Note de l'auteur : Il est bien vrai de dire qu'on se rend coupable, et presque indigne d'égards et d'indulgence, quand on ne songe pas à amasser pour la vieillesse ; mais l'homme prévoyant ne doit pas pour cela se croire en droit d'insulter au malheur et à l'indigence.
Merci Charles ; voici une remarque intéressante et qui montre une bonne ouverture d'esprit.