Le Loup et l'Âne Charles Perrault (1628 - 1703)

Un âne prit un clou de sue
Qui le rendit estropié.
Le loup, grand mangeur de chair crue,
S’offrit de lui guérir le pied.
Alors, en médecin habile,
Il regarde la plaie; et, d’une dent subtile,
Tire le clou sans lui faire de mal;
Puis demande sa récompense.
Soudain, d'un coup de pied, le sournois animal
Lui fait sauter les dents, lorsque moins il y pense.
« C’est bien fait , dit le loup, je ne puis le nier;
C’est en user en bête raisonnable;
J’ai voulu faire ici le médecin capable,
Et je ne suis qu’un cuisinier. »

Que chacun fasse son métier.

Livre II, fable 4




Commentaires